En littérature, la pastorale est un genre dramatique qui relate les exploits amoureux de bergers et de bergères, situés dans un cadre naturel, un havre idyllique de bonheur et de paix, comme celui d'Arcadie, où habitent Pan, le dieu des bergers, et Alphée, celui des fleuves. Le roman de l’auteur forézien Honoré d’Urfé, L’Astrée (1607-1628) en fournit un exemple caractéristique.
En musique, à partir du Moyen-Age, trouvères et troubadours reprennent le souvenir de l'Antiquité, sous forme de pastourelles, des chansons allégoriques et courtoises qui mettent en scène des bergères dans un cadre champêtre idéalisé.
Dans son Dictionnaire de la musique (1703), S. de Brossard présente la pastorale comme un « chant qui imite celuy des bergers, qui en a la douceur, la tendresse, le naturel... C'est aussi souvent une pièce de musique faite sur des paroles qui parlent des mœurs, ou qui dépeignent les amours des bergers... ». Jusqu’à la Révolution, la pastorale règne sur la musique vocale et instrumentale profane ou religieuse. Haendel lui consacre par exemple des opéras comme Il Pastor fido (1712) ou Acis et Galatea (1720).
De l'époque romantique à nos jours, le terme pastorale reste employé dans une œuvre lorsque y apparaît une atmosphère champêtre, il évoque « une poésie de la nature, de la nuit, du silence ». Presque tous les compositeurs, à un moment ou un autre de leur carrière, ont contribué à son développement mais le plus célèbre est sans doute Beethoven avec sa célèbre sixième symphonie, qu’il a explicitement intitulée : « Symphonie Pastorale, ou Souvenir de la vie rustique, plutôt émotion exprimée que peinture descriptive », composée entre 1805 et 1807 à Vienne et ses environs, et exécutée la première fois le 22 décembre 1808.
Seule symphonie en cinq mouvements, elle propose un véritable portrait musical de la nature, le compositeur fournissant à chacune des parties un sous-titre afin de mieux guider son auditeur (chose rare chez lui !) :
• Éveil d’impressions agréables en arrivant à la campagne
• Scène au bord du ruisseau
• Joyeuse assemblée des paysans
• Tonnerre – Orage
• Chant pastoral – Sentiments joyeux et reconnaissants après l’orage
L’amour de Beethoven pour la nature est sans limites. C’est auprès d’elle qu’il retrouve le calme et le repos. C’est auprès d’elle qu’il se sent le plus heureux et pleinement inspiré. « Quel plaisir alors de pouvoir errer dans les bois, les forêts, parmi les arbres, les herbes, les rochers. Personne ne saurait aimer la campagne comme moi. Les forêts, les arbres, les rochers nous rendent en effet l’écho désiré », écrit-il à Theresa Malfatti en mai 1810. Cette œuvre unique reste probablement la plus originale de ses neuf symphonies.
image Beethoven composant La Pastorale © NY Public Library, digital collections
D’autres compositeurs ont été tentés par la pastorale proprement dite comme Richard Strauss (Daphne, 1938) ou Benjamin Britten (le Songe d'une nuit d'été, 1960).