Focus sur trois oeuvres peu connues


 

Camille Saint-Saëns

 

Septuor pour trompette, deux violons, alto, violoncelle, contrebasse et piano

en mi bémol majeur, op. 65.

 

 

Saint-Saëns est célèbre pour sa Symphonie avec orgue, sa Danse macabre, ou son Carnaval des animaux. Voici une curiosité qui prouve que ce compositeur que l’on croit traditionaliste, sait aussi surprendre et de façon très agréable. Il composa le Septuor pour deux violons, alto, violoncelle, contrebasse, piano et… trompette en 1880.

Cet instrumentarium plutôt rare, voire insolite n’empêche pas la trompette, en début de mouvement, de triompher dans une marche élégante d'aspect militaire, débouchant sur une mélodie dévolue aux autres instruments, rythmée par le piano. Dans le mouvement suivant, une berceuse jouée par la trompette mezzo voce sait cajoler l’auditoire avant de reprendre une marche allègre.

Dans le troisième mouvement, la trompette s’efface devant les autres instruments, puis les rejoint, se fondant dans un timbre global. Pour terminer, une marche trépidante fait crépiter le piano pour laisser ensuite la place aux aigus de la trompette qui apporte une conclusion brillante et jubilatoire et met un point final à cette débauche sonore. Quelle fraîcheur inattendue dans ces pages ! 


Gabriel Fauré

 

Quatuor pour piano et cordes

en do mineur n°1, op. 15 

 

« Un temps méconnu et longtemps confiné à l’image stéréotypée de maître des charmes, l’art musical de Gabriel Fauré (1845-1924) est une œuvre de transition entre le romantisme finissant du XIXe et la modernité du XXe siècle, caractérisée par la création d’un langage propre qui élargit le cadre de la tonalité. » (J-M Nectoux).

 

Gabriel Fauré compose ce premier Quatuor avec piano alors qu’il n’a pas atteint la trentaine. D’emblée, il délivre un chef d’œuvre. Le premier mouvement, d’une allure décidée, est scandé par les interventions du piano. Lui succède un chant par des cordes caressantes souvent coupées par un piano percussif. Ce thème passe par l’aigu du violon avec de brusques changements de volume sonore, avant d’être repris par le violoncelle. On est loin d’une musique de salon Il en est de même pour les autres mouvements. Les mouvements suivants passent d’un lyrisme ardent à des motifs plus méditatifs. Dans le dernier mouvement, allegro molto, cette énergie s’incarne dans ce qui ressemble à une chevauchée sonore.

 

« On m’a dit souvent que ma musique n’allait jamais jusqu’à la joie ni jusqu’à la douleur. Comporterait-elle ce sourire un peu voilé qui “seul est judicieux” ? », demandait Gabriel Fauré. C’est ce sourire que l’on décèle dans ce quatuor. 


 

 

Gustav Mahler

 

Quatuor pour piano et cordes en la mineur

 

Gustav Mahler n’avait que 16 ans lorsqu’il ébaucha ce quatuor pour piano et cordes, un exercice imposé par le Conservatoire de musique de Vienne. Il garda le manuscrit qui ne fut édité que bien plus tard. Un devoir qui détient en germe

ce que son auteur délivrera dans ses grandes oeuvres. On sent dans cette seule composition de musique de chambre une influence du romantisme musical qu’il maîtrise parfaitement et un souffle étonnant chez un musicien si jeune.